LA MURAILLE INVISIBLE Henning Mankell

Un auteur que j'admire. Et un roman à la hauteur ! 427 pages à tenir en haleine...

         L'intrigue est complexe. Les enquêteurs piétinent longtemps, perplexes devant des scènes de crimes inhabituelles. Kurt Wallender, héros récurrent de Mankell, se révèle de plus en plus en proie à des interrogations perturbantes, quant au futur  incertain de sa vocation et de sa carrière ébranlées par les doutes de sa supérieure et les manigances d'un proche, mais aussi face à l'avenir sombre des jeunes qu'il est amené à côtoyer auxquels la société n'offre plus guère d'espoir d'épanouissement, voire même d'insertion.

Comment trouver sa place dans le monde actuel ? Beaucoup se réfugient dans l'alcoolisme ou les drogues, et bien évidemment la violence ! Wallender refuse de croire que deux jeunes filles de quatorze et dix-neuf ans soient capables de tuer sauvagement un chauffeur de taxi dans le seul but de lui dérober argent et téléphone.

   Le roman conte le quotidien de policiers exténués, soutenus seulement par l'idée fixe de résoudre l'enquête : trouver le lien, s'il existe, entre les différentes pièces du puzzle : violence gratuite ? morts naturelles ou criminelles ? manigances de sectes ? possible complot international ? Les pistes se télescopent et conduisent Wallander à rencontrer des geeks qui lui font mesurer son inadaptation au monde informatique, des femmes qui lui font prendre conscience de sa solitude affective, des êtres dont il se demande ce qu'ils ont encore d'humain.

         Enfin Wallander apprend douloureusement que son intuition est parfois piégée par la trop grande confiance qu'il porte à des proches.

La lecture de ce roman me confronte une fois de plus au chemin laborieux à suivre pour écrire, un jour, un livre de pareil intérêt.