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Blog littéraire : A la découverte de mes écrits et mes coups de cœur ou de gueule.

Paul Arène in "Théopolis, Cité perdue"

Epitaphe du poète Paul Arène : "Iéu m'en vaut l'amo ravido / D'agué pantaïa ma vido". Je m'en vais, l'âme ravie d'avoir rêvé ma vie,

Epitaphe du poète Paul Arène : "Iéu m'en vaut l'amo ravido / D'agué pantaïa ma vido". Je m'en vais, l'âme ravie d'avoir rêvé ma vie,

         8h20. Véronique était légèrement en retard mais la nuit avait été difficile comme souvent. La veille elle était tombée de fatigue devant un programme télévisé dont pourtant Thomas lui avait laissé le choix. Elle avait depuis longtemps renoncé aux débats ou aux documentaires devant lesquels elle sombrait rapidement dans un état semi-comateux. Si c'était un film elle tenait davantage mais irrésistiblement, après une demi-heure ou trois-quarts d'heure dans le meilleur des cas, ses paupières se faisaient lourdes et son compagnon riait de la voir tirée de son sommeil par la musique du générique final. Il refusait depuis un moment de lui raconter ce qu'elle avait raté.  (...)    

Paul Arène in "Théopolis, Cité perdue"

         La voilà donc, un peu essoufflée, quelques tiges fleuries vite glanées dans le jardin à la main, qui gravissait hâtivement, dans l'espoir de rattraper les minutes perdues, les degrés du cimetière menant à la large allée où trônait la tombe du grand homme de Sisteron, Paul Arène. Un coq se dressait fièrement sur la stèle, saluant de son chant silencieux l'aube nouvelle. La mort muselle aussi les poètes, philosopha fugitivement Véronique. Pauvre Paul Arène, disparu pour la postérité dans l'ombre de Daudet ! La paternité des "Lettres de mon moulin" avait jadis brouillé les auteurs et depuis lors confisqué la gloire au profit d'un seul.

Paul Arène in "Théopolis, Cité perdue"

         Mais une vision l'arracha à ses pensées désabusées : qu'est-ce qu'il faisait encore là, raide comme la statue du commandeur, devant sa tombe ! Enfin elle se raisonna, l'emploi du possessif qui lui était venu spontanément à l'esprit était un brin excessif... Prête à l'interpeller vertement, elle se radoucit d'elle-même. Loin d'évoquer la statue du Commandeur de Molière drapé dans une dignité offensée, la longue silhouette en jean et blouson de cuir miel n'avait rien d'offensif. Peut-être même quelque chose d'émouvant dans cette quête obstinée de ses origines. Elle se moqua intérieurement d'elle-même : "la statue du Commandeur" ! Il fallait, elle le savait bien, qu'elle se méfie des images acquises depuis l'enfance à côtoyer un père, prof invétéré aussi bien dans la sphère privée que publique. La littérature classique ne faisait pas partie des références quotidiennes du citoyen actuel...

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