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Blog littéraire : A la découverte de mes écrits et mes coups de cœur ou de gueule.

Un cri sous la glace de Camilla Grebe

Camilla Grebe, romancière suédoise, a écrit une série de polars avec sa sœur. "Un cri sous la glace", son premier en solo, est une remarquable réussite.

Camilla Grebe, romancière suédoise, a écrit une série de polars avec sa sœur. "Un cri sous la glace", son premier en solo, est une remarquable réussite.

Un récit à trois voix : Emma 25 ans, Peter 49 ans et Hanne 59 ans.

Trois personnages que réunit l'enquête sur un assassinat à la macabre mise en scène, puisque la tête de la femme tuée a été détachée du corps et placée de façon à regarder ceux qui la découvriront.

Outre la résolution de l'enquête, le roman s'attache à montrer comment les traumatismes de l'enfance pèsent à jamais sur l'existence et sont susceptibles de créer un tel manque de confiance en soi que la quête du bonheur devient inaccessible.

L'un des protagonistes refuse tout engagement persuadé qu'il ne pourrait apporter que le malheur à ceux qui l'aimeraient :

" Jamais je n'ai voulu te faire de mal. Jamais. Crois-moi. (...)

Pourtant, c'est ce que tu as fait. Et tu continues en faisant comme s'il ne s'était rien passé. Tu comprends ?

         Je baisse les yeux. J'essaie en vain d'ordonner les pensées et les mots qui tournoient dans ma tête. Je cherche en vain une façon de lui expliquer. Or les mots ne m'ont jamais obéi. Ils se déforment entre mon cerveau et ma bouche, sortent dans le désordre, formant des énoncés très différents de ceux que j'avais imaginés."

 L'autre se laisse dominer par un conjoint autoritaire et imbu de lui-même :

"J'arrive à la hauteur de la boutique d'ameublement (...) Je colle mon visage à la vitrine humide de neige et regarde par la fenêtre. Cela ressemble à notre intérieur, chez Owe et moi. Cette élégance bourgeoise et colorée avec des influences ethniques. Cher sans être tape-à-l'œil. De bon goût sans être inquiétant. Un tramway passe dans la rue et je ferme les yeux. (...) Me concentrer sur l'ici et le maintenant, sur la tempête de neige, alors que je rentre chez moi pour retrouver un homme que je n'aime toujours pas. Avec l'oubli comme seul salut."

L'autre encore subit l'existence en cherchant à faire le moins de vagues possible :

"Le magasin est vide. (...) Les haut-parleurs débitent la même musique qu'une heure plus tôt. La play-liste que le département commercial met à jour une fois par mois défile en boucle du matin au soir, jour après jour.

 

"Ca ne te rend pas folle ?" m'a demandé ma mère une fois. La vérité, c'est qu'on s'y habitue. Au bout d'un moment , on n'entend même plus la musique. A partir de là, on peut dormir et travailler en même temps, se mouvoir à travers la boutique sans réfléchir. Flotter au-dessus des notes sans se laisser engloutir par la mélodie, avec toutes les fonctions intellectuelles éteintes, comme une feuille dérivant sur l'eau."

Tous ont renoncé à leurs rêves et leurs aspirations, persuadés que la vie n'a plus rien à leur offrir. Meurtriers, victimes, policiers, chacun se débat pour tenter d'exister.

Comme dans les polars nordiques dont je suis friande, le climat, le froid, la neige, la nuit enrobent le monde d'une tonalité particulière. Et le livre s'attache aussi particulièrement aux thèmes du psychisme, de la mémoire, de la maladie, de l'alcoolisme.

 

Une lecture qui résonne longtemps en nous.

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