9 Mai 2020
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir,
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est figé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est figé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Charles Baudelaire
Un poème célèbre par sa forme inspirée de la poésie malaise.
Un pantoum formé de quatrains aux rimes croisées
et dont le deuxième et quatrième vers de chaque strophe
sont repris dans le premier et troisième vers de la strophe suivante.
Effet incantatoire merveilleusement utilisé ici,
conjointement au vocabulaire délicieusement suranné.