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Blog littéraire : A la découverte de mes écrits et mes coups de cœur ou de gueule.

Le dernier des Romains de Michel Chaillou

Un auteur que je ne connaissais pas. Il a pourtant écrit plus de vingt-cinq ouvrages et reçu le Grand prix de littérature de l'Académie française en 2007 pour l'ensemble de son œuvre.

Un auteur que je ne connaissais pas. Il a pourtant écrit plus de vingt-cinq ouvrages et reçu le Grand prix de littérature de l'Académie française en 2007 pour l'ensemble de son œuvre.

Dans le "Dernier des Romains" paru en 2009, l'auteur fait parler un vieil homme qui cherche à retrouver le jeune homme qu'il était et à retracer les années qui suivirent son retour de la guerre d'Algérie.

"C'était dans les années je ne sais plus quand, soixante sans doute ? Attendez que j'y réfléchisse. J'étais jeune alors, trente ans à peine, tout juste si je commençais à entendre les jours me murmurer mon âge à l'oreille. J'arrivais d'Algérie, de la guerre. J'enseignais les lettres dans un vieux lycée pacifique à Montauvert, modeste bourgade poitevine que peuple une pauvre rivière moitié torrent qui irriguait aussi mes pensées."

Samuel Canoby est né sous le signe des Gémeaux. Il utilise la légende grecque qui raconte la profonde affection qui unit les fils de Léda malgré leurs pères différents puisque l'un, fils de Zeus, était immortel tandis que l'autre, fils du roi Tyndare, époux de Léda, était destiné à mourir. Ils préférèrent partager le même sort et Zeus leur accorda de briller dans le ciel. Mais, dans la constellation qui porte depuis leur nom, l'étoile de chacun brille un jour sur deux, tandis que l'autre est sous l'horizon, ce qui fait qu'on ne les voit jamais en même temps.

Samuel Canoby se veut donc Pollux dans ses jeunes années de trentenaire et Castor, quelque quarante ans plus tard, qui recherche à mettre en ordre les bribes de souvenirs de ce Samuel qui cherche à oublier dans les bras des filles le cauchemar qui hante ses nuits et ses jours  : drame vécu en Algérie dont il ne parvient pas à extirper le souvenir, la culpabilité ?

"Je vivais alors n'importe comment. Mon lit était un champ de bataille. L'une n'attendait pas l'autre. Mais que pouvais-je chuchoter à toutes ces filles ? J'aimais alors sans aimer (...) Aussi quand je relevais la tête, m'interrompais une seconde dans mes ébats, c'était encore et toujours le désert autour de moi, à l'image de ceux si mornes laissés en Algérie. Du sable, de maigres oasis, une éternité de poussière...

 

Le narrateur cherche à se réapproprier le passé en jouant sur le registre de la mémoire, fantasque, sélective, mais il prétend aussi s'appuyer sur les notes prises à l'époque par Samuel dans ses "cahiers impossibles". La grande affaire de celui-ci étant d'exorciser les souvenirs qui le hantent.

Autour de Samuel gravitent des personnages savoureux, bien campés (son ami Jean Raison, passionné d'histoire latine, Jane Seymour, l'Ecossaise amatrice d'astrologie, le principal du collège, étonnant polyglotte) ou seulement esquissés, à la limite de la caricature.

La petite cité du Poitou où Samuel traîne son vague à l'âme, la rivière, le climat, la maison qui penche, participent au charme du livre.

Enfin il faut dire un mot de l'attention toute particulière que Michel Chaillou accorde au style et aux jeux sur les mots, filant la métaphore ou ricochant sur les différents sens d'un terme :

"Contre le réfectoire une rue penchait, le poids du bitume ?"

 

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